3 kilomètres à pieds, ça use, ça use... ||LIBRE

Croyez-le ou non, je vous avoue avoir toujours été une sacré cachottière. Quand j'étais jeune mon petit visage d'ange, vous savez ce stéréotype de la petite bouille blonde aux cheveux bouclés, repoussait immédiatement les soupçons. Personne n'aurait pu imaginer que la petite Alissa aurait pu faire la moindre bêtise. Et pourtant, j'ai commencé tôt ! J'étais déjà à l'époque un diablotin déguisé en ange gardien. Il aurait suffit d'ouvrir les yeux pour que l'on remarque combien si jeune, j'étais si fourbe. Mais les adultes étaient aveugles, à mon plus grand plaisir. Et bien aujourd'hui, je peux dire que les choses n'ont pas trop changées. Je suis toujours une enfant et les gens qui m'entourent sont toujours aussi aveugles. Ah oui et... je fais toujours des bêtises. Mais je me suis quelque peu assagie. D'un autre côté, l'inverse aurait été difficile. Oh, je ne dis pas non plus que j'étais une enfant difficile, non. Enfin j'ai fait le mur, assisté à des soirées où je n'avais pas le droit d'aller mais je m'entendais bien avec mes parents et je faisais beaucoup de choses pour les aider, à la maison. Mais tout ça, ça me parait très loin. Maintenant je n'ai plus d'attaches. Je vis là où je l'entends et je suis seule. Une fille qui trace sa route comme elle l'entend. Et aujourd'hui j'ai décidé que c'était l'heure de me pointer ici à L.A. Los Angeles. Parait que c'est une ville sympathique, oh ce n'est pas comme si c'était la première fois que je venais ici. Non, je vous fais tourner en bourrique, j'y vis même, mais voilà un certain temps que je n'y avais pas foutu les pieds ! Je suis partie il y a trois mois, sans date ni idée précise de mon retour. Il y a dans cette ville des personnes qui comptent pour moi, des personnes qui se sont demandées quand est-ce que je daignerais leur donner des nouvelles. Et je sais que je vais subir leurs foudres, mais ça en vaudra la peine. J'ai visité Rome, impressionnant...

______

Ali avait voyagé pendant de longues heures, à vrai dire, elle ne s'en était pas vraiment rendu compte puisqu'elle s'était endormie au bout de la deuxième heure du voyage, une chance puisqu'elle commençait malheureusement à être malade. Son embarcation dans le pays des pâtes et des pizzas avait été assez théâtrale, elle avait faillit raté le train, persuadée qu'il partait une heure plus tard, ainsi ça avait été la course depuis son hôtel jusqu'à l'embarcation, sans compter qu'il avait fallut enregistrer ses valises en quatrième vitesse. Enfin, Los Angeles s'ouvrait à elle, avec ses hamburgers, certes les européens avaient une nourriture plus saine et peut-être moins de pollution mais elle n'était pas mécontente de rentrer. Bien qu'elle ait passé des vacances magnifiques, auprès de sa famille. Oui, il restait deux personnes son cousin et sa cousine avec qui elle continuait de correspondre. Ils avaient accepté de garder le silence auprès du reste de la famille. Alissa ne tenait pas à ce que ses parents sachent où elle vivait. La jeune femme avait bien bronzé pendant ce mois, elle en revenait plus noire qu'à son habitude, à croire qu'il faisait moche à Los Angeles, ce qui était naturellement faux, seulement elle ne trouvait pas forcément le temps de sortir quand elle était.

Elle descendit enfin de l'avion, qui s'était posé sans le moindre problème. Et ce fut le moment de retrouver sa grosse valise vert foncé, elle se demandait si quelqu'un viendrait la retrouver à l'aéroport, elle avait prévenue ses amis, certes, mais au dernier moment et elle n'était pas sure qu'ils avaient pu se libérer. En tout cas il y avait beaucoup de monde dans le hall...

Aujourd'hui était une une journée importante pour Eydis, elle allait enfin revoir sa meilleure amie, Ali'.
Partie deuis quelques semaines déjà en Europe et plus particulièrement en Italie, la jeune femme avait
eu le temps de goûter aux nombreuses spécialités du pays. Mais Eydis se doutait bien qu'il n'y avait pas que ça, et était sûre que sa meilleure amie avait aussi succombé au charme des beaux italiens. En réalité, Eydis était particulièrement jalouse d'Ali. Bien qu'elle ai des origines françaises venant de sa mère, Eydis n'avait jamais mis les pieds là-bas, à sa plus grande déception. Ses parents étant fâchés avec le peu de famille qui lui restait, elle n'avait pas vraiment le choix que de rester en Amérique. Malgré tout, elle avait toujours rêvé d'y mettre les pieds. C'était d'ailleurs le but que s'étaient fixé les deux jeunes femmes : Aller visiter Paris ensemble. Eydis repensait souvent à cela mais n'en parlait jamais à Alissa, de peur qu'elle la prenne pour une petite fille qui croit désespérément en ses rêves de gamine. Ce qu'elle ne voudrait pour rien au monde. Mais il fallait se préparer, car Ali' allait arriver dans quelques heures, et ne se doutait absolument pas que sa meilleure amie allait venir la chercher, car elle avait toujours la conviction qu'elle était restée avec ses parents en Californie. Mais Eydis ne voulait rater le retour d'Alissa pour rien au monde.

Les deux jeunes femmes se connaissent depuis bien longtemps maintenant, mais elles ne comptent plus les années. Enfant, Eydis avait souvent peur de perdre sa meilleure amie. Car Ali' lui soumettait souvent son désir de voyager, de rencontrer d'autres cultures et de faire plein d'aventures ! Ce qui inquiétait beaucoup Eydis, qui voulait la garder avec elle. Mais Ali' a vite positivé la chose, comme elle savait si bien le faire, et Eydis l'a laissée partir, en échange de la promesse de revenir. Aujourd'hui, la relation des deux jeunes femmes ressemble plus à deux jeunes soeurs que deux amies. Quand elles ne se cherchent pas, elle se disent qu'elles s'adorent et pour remonter le moral et les problèmes, rien de mieux qu'une bonne vieille séance de shopping !

Mais revenons plutôt à Eydis, qui dans son grand appartement ne savait plus où donner de la tête. Elle était assez ... bordelique, il faut le dire. Et perdait souvent ses clés. Cet appartement, elles l'avait acheté à deux, et Ali' lui avait dit : " C'est pour que tu y sois lors de mes retours de voyages ". Eydis lui avait promis d'y être présente à chaque fois. Ce fut chose faite.

- Ah ! Les voilà.

Eydis avait enfin trouvé ses clés, et se mit en route pour l'aéroport .

Eydis était une demoiselle à part. Alissa avait toujours considéré qu'elle était plus précieuse à ses yeux que n'importe qui d'autre. Il est vrai qu'elles avaient eu des hauts et des bas, comme toutes les amies, n'est-ce pas ? Mais selon Ali, c'était une preuve d'amitié, ne pas toujours chercher à être en accord, avoir des opinions différentes et finir par l'accepter. Alissa appréciait Eydis pour tout un tas de raisons, elle aurait plus que quiconque mérité de faire un beau voyage comme la petite Meadway venait de le faire. Ali avait même voulu emmener sa meilleure amie mais sa tante était tombée malade alors elle avait préféré ne pas ajouter du travail pour la malade. Elle aurait voulu s'excuser platement auprès de son amie, mais après tout, ce n'était pas sa faute. Et puis elle avait si souvent espéré qu'Eydis, sa si jolie, si gentille amie puisse rencontrer cette branche de sa famille. Parce qu'Eydis était elle aussi, sa famille. Elle allait sans aucun doute faire l'objet d'une interrogation exhaustive de tout ce qui s'était passé pendant ses vacances. Elle se ferait un plaisir de parler de ses après-midi avec son cousin ou sa cousine. Elle avait également passé un certain temps à soigner sa tante. Elle avait eu le plaisir de voir que celle-ci retrouvait la forme ces derniers jours. C'est pourquoi elle avait un peu profiter le séjour, afin de profiter de la meilleure santé de celle-ci.

Eydis avait eu des raisons de s'inquiéter, souvent Alissa essayait de renverser la situation. Et si c'était Eydis qui désirait faire le globe-trotteur. Si elle la laissait de temps en temps pour s'évanouir dans la nature. Quand elle y pensait, Alissa se sentait coupable. C'est pourquoi elle lui écrivait ou l'appelait quelques fois. Histoire de lui montrer qu'elle pensait à elle et lui demander quelques nouvelles. Eydis était généralement la première personne à qui Alissa rendait visite. Alissa ne voulait plus qu'Eydis doute de leur amitié, elle était certaine qu'il n'y aurait jamais rien qui puisse l'anéantir.
______

Les aéroports, c'est toujours la même galère, quand l'avion n'est pas en retard, ils font grève ou encore, ils égarent vos bagages. Je n'échappais donc pas à la règle. Cela faisait déjà plusieurs minutes que j'étais là à attendre qu'une de mes valises se pointe, mais rien ne se passait. Comme je m'étais assise en attendant que j'obtienne mes affaires, je réfléchissais. Quelle pouvait être la dernière chose que je lui avais dit, serait-elle en colère ? J'étais partie si soudainement... Mais Eydis ne connaissait pas la situation avec Jake, je ne lui en avais pas parlé et c'était l'une des raisons de mon départ...

Eydis était désormais en voiture, à repenser à ses derniers moments avec Alissa, avant son départ. Sa meilleure amie détestait plus que tout de la quitter, et même si elle n'osait pas le lui avouer, Eydis l'avait bien compris. A chaque nouveau départ, c'était la même chose. Alissa lui racontait quelque chose à faire d'urgent ailleurs que l'Amérique, s'énervait toute seule et lui disait qu'après tout, ce n'était pas de sa faute si elle devait s'en aller. Les premiers départs se sont faits très brusquement et Eydis n'y comprenait rien et allait dans son jeu. Mais au fur et à mesure, elle comprit que c'était la façon d'Ali' de s'excuser. Et à chaque fois qu'elle partait, Eydis finissait par apprendre que toutes ces raisons étaient fausses. Tenez, un beau jour, Alissa lui dit qu'elle devait se rendre en Espagne pour une enquête d'étude, mais sa mère était bien au courant de ce qu'elle allait faire réellement et fit l'erreur de le dire à Eydis. En réalité, elle allait rendre visite à sa soeur qui avait certains problèmes personnels. La belle miss Woolden ne comprenait pas la raison de ce mensonge mais se garda de poser la questin à Ali' à son retour, de peur de la brusquer. Ce fut la même chose à chaque fois, et Eydis était désolée d'apprendre que sa meilleure amie lui mentait, car elle ne savait pas pour quelle raison. Cela dit, au final, elle s'en fichait un peu et la laissait, après tout, ce n'était pas ses histoires.

Arrivée enfin à l'aéroport, Eydis eu une grande peine à se garer, puis à trouver la bonne entrée. Puisque sa venue était en quelque sorte une surprise, elle n'avait pas pris les précautions de demander à Ali' toutes les infos sur son vol. Mais bien heureusement pour elle, des vols provenant d'Italie, il n'y en avait pas des masses. Elle se mit donc en route vers les panneaux qui indiquaient les arrivées. Le vol 3745 provenant de Rome n'avait pas de retard, et vu l'heure qu'il était, Alissa devait être là, descendue de l'avion. Eydis se mit à chercher l'endroit de remise des bagages, là où les passagers se rendent en premier. Un noeud s'installa au milieu du ventre d'Eydis, signe qu'elle avait une petite appréhension de revoir sa meilleure amie, après tout ce qu'elles s'étaient dit avant le départ. En effet, Eydis avait révélé à Ali' qu'elle était au courant de tous ses mensonges et ses soi-disant raisons de départ, et tout ça, sur le coup de la colère. Elle le regrettait et avait à présent peur de revoir Alissa, alors qu'elle devait s'en réjouir. Son pas s'accélerrait, et elle arriva vite où elle désirait se rendre, bien que ce fut à l'autre bout de l'aéroport. Eydis s'arrêta brusquement, elle l'avait aperçue, enfin.

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