#3: the mistake

Hj: En attente du logement de Thays, je poste içi, si ça vous dérange pas de le déplacer après (a) je vous remercie

Thays se sentit tout à coup extrêmement mal. Son statut apparaissait à présent comme hors ligne et elle était consciente que ce n’était qu’elle qu’il fuyait ainsi. Ses paupières se fermèrent, et elle espéra le temps de quelques instants se réveiller, ne pas lui avoir dit tout cela. Finalement, derrière ses paroles se cachaient des sentiments, qu’il n’avait avec le plus grand espoir, put discerner. Thays n’était pas le genre de personne à se confier, encore moins à l’une de ses conquête et dans le fond elle venait de le faire, à sa façon, à elle. Elle rouvrit les yeux, ces grands yeux azur qui fixait l’écran, à la fois empli de chagrin et de regrets. Voilà qu’à présent il ne voudrait sûrement plus lui parler. Il n’était qu’un jouet pour elle, elle aimait simplement s’amuser à le séduire, à tester ses limites, c’est ce qu’elle s’était répété maintes fois, pourtant alors qu’elle le voyait à présent fuir leur conversation, un pincement l’a prit au niveau de la poitrine. Un pincement qui n’avait rien à faire dans leur relation, qui n’en était pas une, du moins elle tentait de s’en persuader.

Thays avait rencontré le jeune homme lors d’une soirée, et rapidement, elle s’était montrée entreprenante avec le jeune homme, comme à son habitude, elle l’avait séduit en quelques secondes seulement. De son esprit séducteur elle avait joué avec lui, pendant quelques instants avant qu’il ne cède finalement. Qu’il ne se laisse avoir au jeu de la belle blonde. Fière d’elle, elle avait passé à ses côtés une nuit torride. L’une de celle qui marque une vie. Elle s’était endormie contre lui, et s’était réveillée au petit matin. Ses bras sentait cette odeur envoûtante qu’elle n’avait jamais put oublier. Pourtant, il l’avait fallut. Thays aurait voulut passer plus de temps avec lui, entretenir ce genre de relation avec l’amant exceptionnel qu’il était. Cependant, ce n’était pas possible. Pour l’unique raison que lui avait trouvée chaussure à son pied. Il était tombé amoureux, c’était la triste fin de leur relation, qui finalement n’en avait jamais été une. Elle était plutôt l’unique coup d’un soir d’un garçon de plus à Los Angeles. Cela l’avait clairement blessé. Qu’il l’oublie aussi vite, dans les bras d’une autre, qu’il ne prenne à aucun instant le temps de l’aimer quelque peu. De l’apprécier au moins en tant qu’amie. Non. Rien. Il était simplement tombé amoureux, et ce n’était pas d’elle, plutôt de son opposé, une jeune femme saine, aux habitudes dites comme respectueuses, elle était en commun accord avec lui, et il avait changé pour elle. Thays avait vu leur relation, d’un œil peu admiratif. Et c’est là, qu’avait commencé ce jeu entre eux. Celui de la séduction…

Elle savait pertinemment qu’il était pris, mais elle aimait jouer avec lui, le séduire, l’allumer ouvertement. Pour commencer, cela faisait énormément enrager son grand amour, deuxièmement elle s’en trouvait particulièrement amusée. C’est ainsi que durant deux longues années, la jeune femme lui avait tourné autour, attendant impatiemment qu’il ne craque. Elle voyait dans son regard, le désir qu’il nourrissait pour elle, pourtant, tel un gentleman, il n’avait jamais rien fait pour blesser celle qu’il avait choisit. Et dans un sens, malgré ses dires, Thays admirait cela. Elle le trouvait remarquablement fort. Bien sûr, elle aurait aimé pouvoir profiter du corps parfait qu’il possédait, se blottir dans les bras musclé qu’il avait, mais elle le voyait heureux, et ne pouvait elle pas simplement apprécier cela ? Le bonheur qui se lisait dans son regard. Elle devait l’avouer, cette fille l’avait au moins rendu différent, et il était sur un petit nuage, c’était l’amour, le grand, le vrai. Pourtant, elle n’avait put se retenir, une fois de plus. Lâchant un soupir d’exaspération contre sa propre personne, elle repoussa le siège, pour se relever après avoir pris soin de se déconnecter à son tour. Elle venait de le pousser à la retrouver, elle en était persuadée. Et finalement, cela lui faisait plus de mal qu’elle n’aurait put le penser. Mais elle était ainsi. Elle avait ce besoin de dévoiler aux gens ce qu’elle pensait, et il en était sa victime, sa première, et non sa dernière. Elle soupira à nouveau, se laissant glisser sur le canapé de cuir qui ornait le petit salon. Elle se détestait parfois, d’agir aussi impulsivement, même si le jeune homme n’aurait jamais céder à ses avances, il était une sorte de pilier pour elle. Elle n’aurait sut l’expliquer, mais il était l’une des personnes dont elle avait besoin dans sa vie. C’était une certitude, la seule qu’elle pouvait avoir concernant leur relation à cet instant. Elle inspira l’air qui rentrait par la fenêtre entrouverte, et se décida. Elle devait s’occuper l’esprit, sinon, elle finirait par s’arracher les cheveux de son erreur. C’est vers la salle de bain, que Thays se dirigea rapidement, espérant, grâce à de nombreux masques finir par penser à autre chose.

Elle ressortit de la salle de bain, finalement, elle était arrivée à oublier cela, le temps d’un masque de trois minutes. Rien de plus. Vêtue d’une simple petite nuisette de soie, elle se laissa à nouveau tomber sur le canapé. Son cellulaire à la main, elle composa le numéro du jeune homme et commença à composer un petit message. A la fois doux et gentil, qui pourrait l’excuser de sa maladresse, mais elle finit rapidement par oublier cela. Il était sûrement bien trop occupé. Sûrement roucoulait-il des jours heureux avec sa princesse. Enfoncée dans le canapé, la jolie blonde tenta à de nombreuses reprises de trouver une chaîne adéquate. Une chaîne avec le genre de série à l’eau de rose où finalement tout finit toujours bien. Parce qu’elle aussi aurait rêvé de cela. Mais ce n’était pas fait pour elle. L’amour la fuyait, elle s’y était résignée. Elle posa la tête sur l’oreiller qui trônait sur le canapé, et ses paupières se fermèrent. Doucement, elle repensa à la première fois qu’il avait embrassé ses lèvres.

* Qu’est ce que tu es stupide Thays ! * S’injuria t-elle seule en repensant à la façon si hautaine et sûre d’elle avec laquelle elle s’était adressée à lui. Alors qu’il l’évitait auparavant déjà. Le sortir de son esprit, ce soir là, cela semblait impossible. Complètement. Elle soupira, tentant au moins de trouver le sommeil. Mais rapidement elle se redressa sur le canapé. Trois petits coups venaient d’être assenés à sa porte. Surprise, elle se leva rapidement. A tous les coups, sa meilleure amie venait pleurer son chagrin, celle-ci venait souvent voir la jeune femme lorsqu’elle n’allait pas bien, même si l’heure semblait tardive. Ne prenant pas soin de se revêtir d’un peignoir, elle se dirigea vers la porte, posa sa main à la poignée, et entrouvrit celle-ci. Ce fut un visage si familier qui apparut dans l’encadrement de la porte…

Le visage du jeune homme qui se tenait debout semblait si surpris qu’elle. Elle lisait sur son visage l’indécision la plus totale. Elle ne prêta pas une seule seconde attention à la façon dont elle était habillée, à tel point qu’elle était déstabilisée par cette venue. Il était venu à elle. Mais dans quel but ? Souhaitait-il simplement oublier la jeune femme qu’il aimait sincèrement ? A cet instant, Thays n’aurait sut le dire, elle se contenta simplement d’observer ses traits parfaits, ces mêmes traits qui lui avaient tant manqué. Elle se recula doucement, de façon à laisser assez de place au jeune homme de pénétrer à l’intérieur de son appartement.

- Entre, laissa t-elle échapper de ses lèvres pulpeuses tandis que son regard ne se détachait pas de la superbe silhouette de Calvin.

Elle le trouvait séduisant, bien plus encore que dans ses souvenirs, et s’il ne la retenait pas, sûrement qu’elle ne pourrait faire autrement que de lui sauter dessus, mais pourtant, surprise, elle bougeait à peine. La porte se referma derrière eux, et figée, devant lui elle le questionnait du regard, comme si elle cherchait en lui des réponses.

- Je ne comprends pas… Que fais-tu là ? Demanda t-elle la voix pleine d’étonnement. Tu sais très bien que si tu restes ici, ta fidélité risque de voler en éclats… Dit-elle d’une voix à peine audible.

Lorsque Thays ouvrit la porte, Calvin sut à son air étonné que sa présence faisait mouche. Elle ne s'y attendait pas. Il venait de la quitter sur MSN, il était parti précipitamment, sans donner d'éléments de réponses. Il ne savait pas quoi faire, quoi répondre. Elle semblait toujours avoir raison, et il n'arrivait pas à se défendre face à ses arguments. Elle était soit très machiavélique, soit très intelligente. Il était parti, tournant en rond dans sa chambre. Il avait regardé l'écran d'un air perdu, fixant tour à tour la petite icône qui représentait Thays sur la fenêtre encore ouverte de la conversation, et une photo encadrée, près de son bureau, de Nashaly et de lui même, enlacés amoureux. Il ne savait sincèrement pas ce qu'il voulait. Ou plutôt si, il ne voulait faire souffrir personne, ne trahir personne. Il voulait être libre de ses choix, de ses actes, n'être retenu par aucune obligation physique ou émotionnelle, ou même morale. Il était paralysé dans sa tête, mais encore plus dans ses mouvements. Il avait fait les 100 pas dans cette chambre d'où il étouffait. Il était parti, avec la ferme intention d'aller la voir. Oui, elle, mais laquelle? Sur son perron, il s'était arrêté. Il n'avait pas encore décidé. Allumant une cigarette, il réfléchissait. Il eut un bref sourire, un de ces sourires qu'on connait si bien car ils signifient "oui tu es dans la merde, oui tu es perdu, et le plus drôle dans tout ça? la situation". Il n'était pas le premier à passer par là, mais il ne voyait pas à qui en parler. Ses potes lui diraient tous la même chose. Il y'avait ceux qui étaient en couple et heureux qui lui conseilleraient d'aller retrouver Nashaly, et de l'autre côté, les éternels célibataires qui le traiteraient de fou de ne pas profiter du corps de Thays. Il aurait aimé parler à Britney, mais là encore, il ne savait pas si finalement, elle serait d'une grande aide. Elle savait écouter et conseiller, mais il y avait un peu conflit d'intérêt. Elle ne s'entendait pas avec Nashaly, pas plus qu'avec Thays à y penser. Elle lui dirait d'aller vers celle qu'elle même elle détestait le moins. Finalement, les amis, c'est bien utile pour discuter, mais lorsqu'on se retrouve confronter à ce genre de dilemme, il n'y a plus que soi, sa conscience et ses envies.

Calvin enchaina une demi douzaine de cigarettes, sans penser à rien d'autres qu'à la fumée qui s'échappait lentement de ce poison qu'il répandait dans ses poumons. Finalement, il avait pris une décision. Il irait voir Nashaly et il s'expliquerait avec elle. Il leur donnait une chance, pas la dernière, mais celle de ce soir. Et de cet évènement écoulerait certains autres.
Dans sa voiture, Calvin pensait à ce qu'il devrait dire mais bien évidemment, rien ne lui venait à l'esprit. Devant la porte de sa belle, il n'eut pas de réponse. A part une, de ses colocataires, qui prétendaient qu'elle était "sortie". Calvin ne savait pas ce qui était pire, qu'ils aient mentit et qu'elle soit à l'intérieur sans vouloir le voir, ou le fait qu'elle soit réellement sortie, aussi tard dans la nuit, et sans lui. Il préféra ne pas trop y penser. S'ils habitaient une petite ville, il était certain qu'il aurait écumé tous les bars, toutes les boites de la ville, mais habitant L.A. ... ses espoirs de la trouver étaient proches de -32,000. Alors il changea de bord, Thays habitait quelques pattés de maisons plus loin. Il y'avait de la lumière à travers sa fenêtre. Impossible de savoir si elle était seule. Au fond de lui, il espérait que non.

Et voici comment, quelques minutes plus tard, il trouva la belle pomme empoisonnée, à moitié nue, devant lui, avec cet air langoureux qu'il lui connaissait si bien. Il était certain qu'elle n'était pas habillée, enfin plutôt déshabillée, par calcul. Elle avait réellement l'air d'être surprise par sa présence. Le regard de Calvin s attarda sur ses courbes, un petit peu trop pour le genre de visite qu'il souhaitait rendre. Finalement, elle l'invita à rentrée, s'effaçant devant lui. Il passa tellement près d'elle qu'il la frôla au passage, ce qui attisa quelque chose de brulant en lui. Il préféra l'ignorer.
Son regard s'activa sur ce qui l'entourait. Il n'était jamais venu chez elle, il passait parfois devant chez elle lorsqu'il empruntait la route pour voir sa copine ou pour aller à l'Université mais il n'était jamais rentré à l'intérieur. Il aimait l'endroit, il ne savait pas avec qui elle était en collocation et à vrai dire, il s'en fichait pas mal, ce n'était pas la question. Le bruit de la porte se referma lui rendit les idées claires. Il fit quelques pas devant l'espace qui s'offrait à lui et tourna ses talons pour n'être qu'à quelques mètres de Thays qui le regardait intensément, comme si elle pouvait lire à travers lui. D'ailleurs, directe comme à son habitude, elle prononça des mots qui sonnaient comme des poignards dans l'oreille de Calvin. Ces mots n'étaient pas méchants, ils étaient juste tellement ... provocants. Tout était provocants chez cette femme. Il venait de se jeter dans la gueule du loup. N'était-il pas un peu fou? Même sa voix était envoutante, peut être était-elle une sirène des terres. Les sirènes qui faillirent empêcher Ulysse et ses comparses de rejoindre la belle Ithaque et surtout Pénéloppe par leurs chants merveilleux. Allait-il sombrer dans le piège, où sans sortir aussi bien que le héros de l'Odyssée?

" Je ... "

Il n'avait aucune idée de ce qu'il devait ou voulait dire. Même aucune idée de sa présence. Il voulait la voir. ll la voyait, et plutôt bien même. Il tentait de ne pas la quitter des yeux. Il savait que les choses les plus sincères que l'on dit, on le dit avec les yeux. Autant qu'il s'en souvienne, il n'avait jamais menti sans nécessité, il n'allait pas commencer maintenant.

" Tu m'as troublé ... "

Ca c'était vrai. Ca ne lui avait pas plu d'ailleurs. D'une certaine manière, il n'aimait pas être remis en question, il n'aimait pas se poser des questions, et elle, Thays, provoquait les deux choses. Il ne put s'empêcher de sortir une quantité de mots qu'il aurait préféré contrôler, mais justement, il ne contrôlait plus grand chose.

" Dis moi juste ... ça t'amuses en quoi de me chambouler ainsi? Pourquoi tu me veux, moi. Tu apprécies de me mettre le doute? Je suis ... ton jouet? Tu as quelque chose de spécial contre Nashaly? Contre moi? Ça te plait de me désorienter ainsi, de provoquer autant de choses? Tu es cette fille avec combien d'autres mecs ... Tu es trop sûre de toi ... Tu crois que je vais craquer? C'est vraiment ce que tu souhaites? Et après ... quoi, y'aura quoi? Tu crieras victoire? D'avoir réussi à faire dévier un mec amoureux? T'iras jouer ailleurs? Arrête ce rôle, dis moi ce que tu veux vraiment ... Tu vas me rendre fou ... "

Ses paroles étaient tellement contrastées ... Il ne criait pas, mais sa voix montait à certaines de ses intonations. Il n'avait pas l'impression qu'elle entendait ce qu'il disait, plutôt qu'il parlait à lui même. Il s'en voulait de tout lui déballer, de se montrer faible. Mais il n'avait pu s'en empêcher ...

Dès son plus jeune âge, Thays avait multiplié les conquêtes. Elle ne comptait plus le nombre de garçons qui n’avait pas résisté à son charme. Ils cédaient tous, et si cela pouvait sembler flatteur, c’était aussi assez ennuyant finalement. Elle n’avait pas besoin de grand-chose pour qu’ils ne cèdent à ses désirs, qu’ils ne se laissent aller, et malgré le plaisir qu’elle éprouvait à être capable de faire cela, elle se lassait parfois d’autant de facilité. Elle mettait les hommes dans son lit et les oublier bien souvent par la suite. Mais un sortait du lot. Il s’agissait de Calvin. Peut être était ce simplement dut au fait que c’était lui qui l’avait repoussé, pour une fois, qu’il avait trouvé, le grand amour et l’avait laissé, seule et déboussolée. Mais entre eux, une relation complexe avait vu le jour à la suite de cet évènement. Il aurait été respectable de la part de la jeune femme d’abandonner toute certitude sur le fait qu’elle lui plaisait, parce que finalement, malgré ce qu’elle pouvait dire ce n’était pas vers elle que s’était porté son choix, mais plutôt vers une jeune femme qui ne lui ressemblait que très peu. Alors pourquoi insistait-elle ? Elle se plaisait à dire qu’elle aimait entretenir ce petit jeu de séduction, mais la réalité était autre, sans lui dans sa vie, elle n’était pas elle-même. Cet homme, qui n’avait finalement était qu’une nuit, qu’un jouet qu’elle se plaisait à tenter de faire succomber, avait bouleversé en quelque sorte sa vie. Et malgré le fait qu’elle paraisse si sûre d’elle, de ce qu’elle avance, Thays est simplement déstabilisée, elle aussi, par l’homme charmant qu’il semble être. Mais l’avouer, ne serait pas simplement une preuve de faiblesse ? C’est ainsi qu’elle avait toujours vut les choses, devenir dépendante d’un être était mal. Pour la simple et bonne raison, que tout le monde part un jour et qu’il lui était impensable qu’une personne ne la fasse souffrir en l’abandonnant. Pourtant, c’est ce début de sentiment qu’elle venait de ressentir après la conversation qui s’était clôturait étrangement entre eux sur la messagerie instantanée de son ordinateur. Elle l’avait poussé à rejoindre celle qu’il aimait sincèrement, elle en était certaine. Elle avait fait ce qu’elle aurait souhaité ne jamais faire. Elle le désirait, et le poussait à s’éloigner d’elle, d’une stupidité agaçante elle pouvait à présent se qualifier. Etrangement, cette jeune femme faisait naître en elle une jalousie. Un sentiment étonnant qui la poussait à l’envier, à vouloir elle aussi, être aimée de la sorte. Après tout, elle n’avait jamais eut droit à l’amour, elle n’était pas le genre de femme que l’on aime, si ce n’est pour ses courbes généreuses et parfaitement proportionnées. Mais finalement, n’avait elle pas besoin d’autre chose ? Elle tenta tant bien que mal d’éviter de penser à cela, de chasser cette pensée de son esprit. L’amour n’était pas fait pour elle. Elle s’interdisait depuis toute petite de s’imaginer en robe de mariée, de s’imaginer simplement, le cœur s’affolant au contact d’un homme qui saurait l’envoûtait. Mais à trop se méfier de l’amour, à trop vouloir l’éviter, il semblait se rapprocher dangereusement de sa personne, sans qu’elle ne puisse rien y faire. Des soupirs s’échappaient de ses lèvres pulpeuses. De plus, aucun de ses colocataires n’étaient là. Ils étaient sortis et l’appartement semblait particulièrement vide sans eux. Ils ne lui changeraient pas les idées ce soir là, il ne lui manquait plus qu’à trouver le sommeil, tentant ainsi d’éviter de penser à cet être qui finalement, sans son accord, avait chamboulé une grande partie de sa vie, et à cet instant là, alors qu’elle l’imaginait dans les bras d’une autre, provoquait une douleur étrange dans sa poitrine, l’une de celle qu’elle ne connaissait pas encore.

Tirée de ses songes, tirée de ce mal être, une attraction semblait sonner à sa porte, peut être pourrait elle enfin oublier, le temps de quelques instants. Mais non. Puisque finalement, derrière la porte de bois qui clôturait le logement, se trouvait celui qui hantait son esprit depuis déjà plusieurs minutes, voir heures. Il était là, debout, ne sachant pas vraiment ce qui l’avait amené ici, cela se voyait totalement. Elle n’avait aucun mal à lire sa surprise. Comme si finalement il avait préféré qu’elle ne soit pas là. Mais elle était bien là, seule, et complètement déboussolée par cette visite imprévue. Sa tenue n’était pas très adaptée. Bien qu’elle souhaitait lui sauter au coup, le chérir de baisers, d’être là, de ne pas être avec une jeune femme brune dont il était amoureux, elle se retint. Parce que ce n’était pas respectable, c’était d’ailleurs bien plus que cela, ignoble. Elle n’avait pas le droit, pourtant, elle désirait plus que tout, vaincre la tristesse qui l’avait étrangement envahit dans les bras musclés et réconfortants de Calvin. Pour la première fois, elle envia la jeune femme dont il s’était épris, de pouvoir si elle le désirait, chaque matin se blottir contre lui. Mais elle n’en laissa rien paraître. Sa faiblesse, Thays la cachait toujours au plus profond d’elle, derrière l’immense carapace qu’elle s’était forgée. Bien entendu, Calvin l’avait remarqué, il était le seul à avoir percé le mystère de la jeune femme, mais il était hors de question qu’elle ne l’avoue. Parce qu’en plus de lui faire ressentir de nouveaux sentiments, Calvin la comprenait, et c’était bien trop pour un seul homme, il en savait trop, pour la faire souffrir s’il le désirait. Il était face à elle, dans son propre appartement, chose qui n’était jamais arrivé. Non, puisqu’ils s’évitaient. Ou du moins lui, le temps les avait finalement séparés, pourtant, ce fut le même désir qu’au premier jour qui grandissait en elle à chaque seconde où il la regardait. Il aurait été facile de profiter de ses faiblesses, de l’embrasser, de simplement le pousser sur le canapé et de lui faire l’amour, comme elle le désirait au plus profond d’elle. Mais le pousser à commettre cet acte, qu’il ne souhaitait peut être pas n’était il pas égoïste ? Pour la première fois de sa vie, Thays ne voulait pas faire passer ses propres désirs avant ceux de cet homme. C’était la première fois, qu’elle pensait d’abord à un autre avant de penser à elle. Et finalement, cela la blessait dans le fond. Pourtant, ce sont des mots qu’elle ne pouvait s’empêcher de prononcer qui s’échappèrent. Mais elle ne comprenait pas, le pourquoi de sa visite. La voix du jeune homme résonna, dans une hésitation, il se contenta de laisser quelques mots arriver jusqu’aux oreilles attentives de Thays. Elle l’avait troublé. Il l’avouait. Et cela semblait si sincère. Elle s’en voulait à présent. Comme si son comportement se retourner vers elle. Elle reprit cependant, peu à peu ses esprits et affronta son regard perçant. Il était tellement beau, mais tellement triste ce soir là, qu’elle aurait voulut le prendre contre elle, juste le bercer, ou fuir. Mais, elle ne fit rien, elle resta simplement figée lorsqu’il commença, d’un ton plus sec à la questionner de toute part. Une quantité étonnante de mots s’échappèrent, et elle le laissa vider son sac. Elle attendit qu’il ne s’arrête. Il n’avait pas tort. Qu’avait-elle bon sang ? Cherchait-elle à le rendre fou ? Elle n’en savait plus rien. Si elle avait le pouvoir de le faire douter, il possédait une certaine emprise sur elle aussi. Elle baissa les yeux, telle une enfant désolée, ayant fait une bêtise. Machinalement, sans dire un mot elle se dirigea vers la fenêtre ouverte. Elle fixa le ciel étoilé. L’air frais l’aidait à reprendre ses esprits bien que des frissons naquirent dans sa nuque dénudée.

- Tu sais très bien qui je suis. Bien entendu que tu n’es qu’un jouet, bien entendu que mon seul but et de te faire dévier du droit chemin, de crier ensuite victoire, de m’en venter et de briser ton couple. Commença t-elle à dire, à voix à peine audible. Et après j’irais bien entendu, trouver un autre couple à détruire, je suis cette fille, aux conquêtes si nombreuses, qui ne désirent que s’amuser, tu le sais pertinemment ! Hein que tu le sais ? Continua t-elle, en se retournant pour affronter de nouveau son regard. Quand tu auras tout perdu, j’aurais tout gagné, ça semble logique, non ? L’interrogea t-elle haussant le ton, le regard perdu.

Si elle pensait un mot de ce qu’elle venait de dire ? Pas un seul. Elle ne désirait en aucun cas le faire souffrir, le voir séparer de celle qu’il aimait, si c’était auprès d’elle qu’il voulait être, mais il l’a poussait à bout. Il prétendait savoir qui elle était, il prétendait savoir qu’elle n’était pas l’image qu’elle essayait de montrer, pourtant, à ses dires on aurait cru qu’il la pensait ainsi. Froide, superficielle et uniquement cruelle. Elle inspira profondément, tentant de retenir la rage et la tristesse qui nouait sa gorge. Puis elle s’éloigna de la fenêtre. Elle lui fit face à nouveau. Elle prit sa main dans la sienne. La sienne était si chaude comparait à la silhouette à présent glacée de Thays. Elle aurait aimé qu’il comprenne dans un seul regard. Ce qu’elle pensait, ce qu’elle voulait, à quel point il était important pour elle. Mais comment était ce possible ? Pourquoi avait-il cette emprise sur elle, cela en devenait presque dangereux. Elle reprit, plus doucement et calmement.

- Je ne cherche pas à te rendre fou. Je n’ai rien contre toi, ni contre elle. Dit-elle doucement…

Non, c’est le ‘nous’ qu’ils formaient ensemble qui la blessait en réalité, sans savoir réellement pourquoi. Elle tenta pourtant de laisser Calvin pénétrer sa carapace, bien que l’épreuve semble si douloureuse.

- Peut être que je ne suis qu’une peste que tu devrais fuir avant qu’il ne soit trop tard Calvin…

Calvin n'avait jamais connu pareille situation dans toute sa vie. Depuis qu'il avait l'âge de 15 ans, il avait commencé à fréquenter les filles, et ça avait toujours été facile. Oh bien sûr, il y'avait eu des aventures exceptionnelles, celles avec Jez-Ann ou Matys, mais c'était des cas à part. Des copines sérieuses, il en avait peu eues, mais il connaissait théoriquement tous les pièges à éviter. Les discussions entre gars, oui ça existe, étaient principalement basées sur ce sujet. Avec quelques uns de ses meilleurs amis du lycée, ils avaient fabriqué un bouquin où ils avaient écrits tout ce qu'ils ne devaient pas dire à une fille, ce qu'il était préférable de faire au premier rendez-vous ect. Et chacun marquait ses propres expériences, pour pouvoir avoir des relations sans fautes. Calvin n'avait pas beaucoup utilisé ce bouquin car il n'avait pas eu de relations sérieuses au lycée -pas dépassant trois mois en tout cas- mais finalement, il aurait peut être mieux fait de jeter un coup d'œil, au cas ou. Car à l'époque, tout était plus simple, il y'avait toujours eu une solution, une issue favorable. Mais il semblait que cette fois ci, il n'y avait pas de bonne ou de mauvaise conduites, de bon ou de mauvais choix. Quoiqu'il ferait, il le regretterait. Rien n'est jamais tout blanc, ou tout noir. Le monde est gris, nuancé, non exclusif. Il le savait pertinemment.
Il détestait prendre des décisions. Il aimait être maître de son destin, mais cette responsabilité impliquait d'être conscient des risques pris, que quoiqu'il arrive, les évènements seraient de sa faute. Les répercussions faisaient peur, l'effrayaient. Mais il n'était pas question de décisions ce soir. Il était venu avec une idée précise, et rien ne le ferait changer de cap. Il ne voulait pas trahir une personne qu'il aimait, c'était contre ses principes. Et sans la tenue de ce en quoi il croyait, il ne voyait aucune raison d'exister. Il avait certes jamais connu de trahisons majeures, mais il pouvait très bien imaginer la sensation que ça ferait. Il détesterait avoir confiance en quelqu'un, pouvoir tout confier aveuglement, et finalement voir cet amitié, ou cet amour, se détruire, à cause d'une bêtise humaine. Alors oui, les hommes connaissent des pulsions, de toutes sortes, mais pour Calvin, la raison était plus forte, il n'était pas faible. Il n'avait jamais vraiment connu de malheur, jamais connu de morts qu'il appréciait, d'histoires très traumatisantes. Certes des épreuves, il en avait traversées, mais il se sent relativement protégé, son cœur relativement bien accroché vis à vis de certaines personnes. Il le savait, il connaissait cette chance. Il ne s'en plaignait pas. Et il n'avait pas à se montrer faible, à être comme tous ces hommes pathétiques qui ne pensent qu'avec leur q****e plutôt qu'avec leur cerveau. Dans un sens, il se savait supérieur. Ce n'était pas de la vantardise, seulement de la conscience. Et il était fier de lui pour ça. Il n'avait jamais voulu une situation telle qu'il en vivait une. Un triangle amoureux? Quoi de pire? Il avait rencontré Thays avant Nashaly. Il aurait pu être en couple avec Thays en ce moment si le destin et son cœur n'en avaient pas décidés autrement. Bizarre comment une vie, et en l'occurrence 3, pouvaient changer en l'espace d'une semaine. Il se souvenait de cette soirée, où il avait immédiatement été séduit par cette belle paire de jambe, puis par cette beauté qu'était Thays Hansson. Ils n'avaient pas vraiment eu l'occasion de discuter, de se connaître, mais il avait déjà senti la connexion qui existait entre eux. Ils se comprenaient sans se parler. Tout passait dans le regard, le langage du corps. La nuit avait été fantastique, Thays était, et de loin, le meilleur coup qu'il avait eu la chance d'avoir! Elle était d'une sensualité et d'une assurance qu'elle avait pris le dessus. Puis, elle l'avait quittée au petit matin, sans un mot. Ça n'avait pas dérangé Calvin, il avait d'habitude, il prenait même ce rôle parfois. Il ne connaissait que son nom. Il comptait la retrouver, faire plus ample connaissance. Il ne voulait pas passer l'occasion que de mettre un nom sur ce lien. Mais Nashaly était apparue dans sa vie. Leur rencontre était simple, une soirée, amis des amis. L'alcool n'avait pas tout fait. Il s'était aussi passé quelque chose entre ces deux personnes, mais il avait rapidement pu mettre un nom là dessus. Coup de foudre était le plus approprié. Calvin ne s'y attendait pas, il n'y croyait même pas. Mais il avait rapidement mis de côté Thays dans ses esprits. La fois où il la croisa sur la campus, depuis leur nuit, il lui annonça qu'il avait quelqu'un, qu'il était heureux, mais qu'il voulait rester en contact avec elle, car il l'appréciait, et qu'il savait qu'ils s'apprécieraient. Elle ne l'avait pas tellement bien pris. Calvin ne la connaissait pas tellement à l'époque, mais il s'était vite rendu compte qu'elle le lâcherait pas. Elle avait des aventures à côté bien entendu, mais elle n'hésitait pas à le draguer ouvertement devant sa copine, à lui faire de gros sous entendus. Ça amusait Calvin, mais pas à tout le monde. Thays fut un sujet de dispute dans son couple, mais comme Calvin ne répondait pas à ses approches, l'affaire fut classée. Calvin était certes attiré par Thays, physiquement, mais il vivait quelque chose de plus fort avec Nashaly, c'était plus que physique même si la petite Callahan était aussi des plus séduisantes. Bref, pendant deux ans, aucun nuage, Thays se faisait parfois discrète, d'autres fois non, mais entre temps, Calvin commençait à la connaître. Sa réputation la précédait, mais il sentait que ça ne collait pas vraiment avec qui elle était à l'intérieur. Il avait vu tellement de filles, de mecs même, qui se cachaient derrière une image pour ne pas souffrir. Il comprenait ce genre de comportement même si lui même n'en avait jamais eu recours. Il n'avait pas honte de ce qu'il était, et il assumait toujours ce qu'il faisait ou ce qu'il disait.

Le fait que Thays reste statique troubla quelque peu Calvin. Il ne la savait pas aussi calme, aussi … réfléchie. Il pensait qu'elle répondrait du tac au tac, comme lors de leur conversation instantanée. Il la regarda s'éloigner de lui, regarder par la fenêtre. Elle était de dos. Il s'empêcha de baisser son regard pour le remonter jusqu'au ciel où une nuit étoilée était visible de son emplacement. Enfin, elle brisa le silence. Ses mots étaient très crus. Ils le blessaient, il ne le nierait pas. Mais ils sonnaient faux. Il n'aurait su le dire en quoi. Il n'était qu'un jouet? … Le dirait-elle vraiment si c'était le cas? Sa voix était faible. Était-elle fatiguée? Consciente qu'elle ne reflétait pas ce qu'elle voulait dire? Il n'avait pas envie de la croire mais il ne savait quoi répondre. Il ne voulait pas donner l'impression de s'accrocher à une peine perdue. Lorsqu'elle se retourna, il eut un mouvement de recul. Elle n'était pas agressive, mais ce qu'elle faisait passer était tellement fort. Bon sang, elle s'en rendait compte? Elle avait deux côtés, deux façades, peut être même deux personnalités. Il ne pouvait même pas espérer lui demander pour être éclairé, il ne savait même pas si elle lui dirait la vérité, si elle éluderait la question ou si elle se moquerait de lui. Même, même si elle était cette fille froide, superficielle et uniquement cruelle qu'elle souhaitait le paraître, Calvin était des plus motivés à lui démontrer le contraire, même à la changer. Il devait vraiment être dans sa période infirmier. Entre la crise, les crises pardon de Miss Callahann, et la personnalité controversée de Miss Hansson, il était vraiment pas en peine de boulot. C'était rare le mec qui voulait remettre les filles « dans le droit chemin ». Il ne savait même pas d'où ça lui venait cette envie, cette nécessité. Il n'aimait pas que les gens autour de lui souffrent, même s'il ne les connaissait pas, même s'il ne les aimait pas. Il était vraiment généreux, et profondément gentil, quoique le plus souvent maladroit et fier. L'idéal serait de claquer les doigts pour retrouver son enfance. Qu'est ce que cette pensée vient foutre là dedans? Quand on est enfant, on a aucun soucis, la tête libre, les cheveux aux vents, les pieds dans la boues, les mains toutes sales, le sourire au lèvres, la vie, simple et joyeuse devant nous … Il aurait aimé ne jamais grandir …

Calvin fit un pas en direction de Thays. Sa dernière phrase lui restait dans les oreilles (« Peut être que je ne suis qu’une peste que tu devrais fuir avant qu’il ne soit trop tard Calvin… »). Il eut presque un sourire. Il savait qu'il aurait du éviter tout contact tactile mais il lui toucha quand même ses épaules, ses épaules nues. Ses mains étaient posées de part et d'autres, et son regard plongé dans le sien, voulait lui laisser aucun choix, aucune place au mensonge. L'honnêteté était pour lui l'un des éléments les plus importants dans n'importe quelle relation. Il n'en concevait aucune sans.

« Je te laisserai aller nulle part … Qu'est ce que tu caches? Je pensais qu'une fille comme toi n'avait honte de rien. Fais-moi confiance … Et dis moi la vérité. Regarde moi dans les yeux, et répète moi ne serait-ce qu'une des phrases que tu viens de prononcer. »

Si elle était vraiment sincère, elle ne pourrait lui mentir les yeux dans les yeux. Sinon, elle ne valait peut être pas tant la peine que ça. Vraiment, les menteurs, il n'en voulait. Il saurait quand elle lui répondrait, si elle bluffait ou non. La suite de leur relation en dépendait. Dépendait de ce moment précis.

Il arrivait parfois que les évènements ne deviennent incontrôlables. Pourtant, Thays refusait catégoriquement d’avoir à faire à des choses incontrôlables. Ne pas pouvoir décider, être contraint de subir, c’est ce qui l’effrayait le plus. C’est sûrement pour cette raison qu’elle s’empêchait tout sentiment à l’égard d’un homme. C’était plus simple ainsi. Ne jamais s’attacher, ne jamais laisser l’amour nous guetter, ne pas se faire attraper, le fuir, toujours. Elle préférait se contenter du désir, sentiment contrôlable, qu’elle aimait ressentir. Mais parfois la limite entre l’amour et le désir semblait si faible qu’il était impossible de savoir de quoi il s’agissait. Et quand ça commençait à vous troubler totalement ? A vous tordre la poitrine si l’autre s’éloignait ? A vous provoquer un certain manque sans sa présence ? Est-ce qu’il s’agissait réellement encore de désir ? Thays n’en avait pas la moindre idée, à vrai dire, elle plaça cette pensée dans un coin de sa tête et tenta de l’oublier, aussi vite qu’elle lui était apparue. Désir ou amour ? Elle n’aurait sut le deviner, elle n’aurait sut l’affronter…

Thays avait toujours été le genre de femme à séduire les hommes. C’était un jeu pour elle, la séduction n’était qu’une façon de s’amuser pour Thays, ainsi elle pouvait contrôler qu’elle était désirable, elle pouvait montrer aux hommes ses talents et adoraient les faire devenir fou. Elle contrôlait tout, rien ne lui échappait. Seule elle, décidait, où et quand se jouerait la partie. Ca avait été ainsi ce soir là, avec Calvin. Elle l’avait aperçut à cette soirée arrosée. Il n’avait pas vraiment trop but. Il était séduisant, son regard brun mystérieux l’avait charmé en quelques secondes seulement, et elle avait sut à ce même moment qu’ils finiraient la nuit ensemble. Parce qu’elle le désirait et surtout parce qu’ils ne la laisseraient pas s’enfuir, cela se voyait à la façon dont il la dévorait du regard. Au départ elle avait commencé avec de simples petits sourires, parfois des petits regards. Puis elle avait dansé quelques temps après, sans jamais le quitter du regard. Elle aimait danser, c’était comme une vocation pour elle, bouger chaque courbe de son corps, laissé chaque note l’envahir. Sur une piste de danse, elle se lâchait totalement, ce qui ne manquait pas de plaire à la gente masculine. Puis, elle avait décidé d’aller lui parler, au lieu de l’esquiver pour une danse comme elle le faisait à chaque fois où il s’était approché. D’une voix mélodieuse elle l’avait séduite au creux de l’oreille. Il l’avait fait rire quelques instants et finalement, ils étaient repartis ensemble. Cette nuit là, elle s’était offerte à lui. Et ce fut une nuit inoubliable. Elle avait l’habitude de passer une nuit avec un homme différent à chaque fois, elle les oubliait le lendemain, eux, leur prénom et ce qui avait bien put se passer, mais cela, ne se produisit pas ce matin là. Calvin restait encré dans son esprit bien qu’ils ne s’étaient pas vraiment revus. Et elle aurait multiplié les nuits torrides qu’il lui offrait s’il elle remettait la main sur cet homme généreux. Mais lorsqu’elle l’aperçut à nouveau, il n’était plus libre, et il le lui annonça d’un air si heureux qu’elle en fut presque jalouse. Jalouse, elle détestait ce terme, elle ne pouvait être jalouse que de ceux qu’elle aimait, et elle ne voulait pas l’aimer. Il en était hors de question. Il était pris. Elle avait donc tenté de penser à autre chose, mais elle s’était rapidement mise à tourner autour de lui. Cela semblait en réalité tant énerver la magnifique brune qu’il aimait qu’elle s’en amusait. Mais jamais elle n’aurait pourtant voulut lui faire de mal, non, pas à lui. Etrangement, depuis cette nuit là, elle s’était en quelque sorte sentie liée à lui. Pour oublier, elle avait décidé de complètement l’éviter et le temps avait fait les choses. Elle avait sut être discrète à certains moments, elle revenait dans sa vie puis filait à nouveau, tel un courant d’air. Elle était repartie, jusqu’à ce soir là. Ce soir là, où, devant elle il semblait bien plus attirant encore que le jour de leur rencontre exceptionnelle.

Sa tête n’était plus vraiment apte à prendre une décision. Ses pensées se mélanger, et chaque phrase qu’elle aurait voulut commencer semblait n’être qu’un brouillon imprécis de ce qu’elle désirait dire, alors elle se taisait. Elle cherchait ses mots. Tout en cherchant des réponses à ses questions intérieures. Elle ne désirait pas cette situation. Peut être qu’il aurait mieux fait d’aller voir celle qu’il aimait vraiment, elle se détesta à cette pensée. En réalité, elle détestait simplement l’idée qu’il n’ait préféré Nashaly. Mais pouvait-elle vraiment le juger ? Elle avait joué avec lui, le dangereux jeu de la séduction. Elle avait été claire, rien d’autre qu’une nuit ne se déroulerait entre eux. Alors était ce vraiment de sa faute à lui, la douleur qui se propageait dans chacun de ses membres à cet instant précis. Elle ne savait que dire, elle venait de balbutier quelques mots, de la colère, de la haine, de la peine, tout se mélangeait dans le ton de sa voix. Il était impossible de savoir ce qu’elle voulait vraiment, elle-même n’osait affronter ses réels désirs. Peut être bien qu’elle le désirait lui, maintenant. Peut être bien qu’elle se haïssait de penser à cela. Thays n’avait aucun cœur pour certains, elle pouvait s’avérer être une briseuse de couple, une fille sans cœur, qui ne pense qu’à son propre plaisir. La luxure lui était souvent attribuée comme principal pêché. Mais ce soir là, elle ne voulait pas faire de mal à Calvin. Non, pas à lui. Et elle savait que si elle commençait simplement à le déshabiller pour embrasser chacun de ses membres, elle se retrouverait vite, assise, seule sur son canapé, le regard vide. Alors qu’était-elle censée faire ? Compliquer la vie du jeune homme lui semblait si égoïste, pourtant, il attendait d’elle de la sincérité. Il posa ses mains sur les épaules de la jeune femme, comme pour la tenir près de lui, elle avait un mal fou à affronter son regard pourtant elle prit sur elle le temps de l’écouter attentivement. Sa voix mélodieuse, celle qui la faisait frémir, résonna au creux de ses oreilles.

Il n’avait pas tort. Elle ne devait avoir honte de rien, peur de rien. Pourtant, une chose l’effrayait totalement, les sentiments. Un lourd secret était à la base de cette peur étrange, mais jamais elle ne s’en était vraiment remise. Aimer à nouveau lui sembler complètement égoïste. Surtout après tout ce qu’il s’était passé. Elle s’était promis de ne jamais plus aimer, ne serait ce par respect pour le souvenir douloureux qui l’hantait encore la nuit, parfois. Mais c’était tellement dur, quand son regard brun la fixait si intensément. Elle ne pouvait rien dire. Il était hors de question qu’elle ne dévoile le pourquoi du comment, les mots ne sortiraient jamais. La seule fois où elle avait voulut en parler, à un professionnel, sa voix s’était mise à trembler, son cœur s’était emballé, et prise de peur elle avait fuit le cabinet de psychologie, pour ne jamais y remettre les pieds. Mais lui semblait tellement prêt à l’écouter, qu’elle aurait voulut lui avouer. Ce qu’elle cachait. Depuis si longtemps. Ce qui la poussait à agir ainsi. Mais elle en était incapable. C’était encore trop tôt. Pourtant, en le fixant dans les yeux, prononcer une des phrases qu’elle avait put dire était totalement impossible, elle n’en avait jamais pensé aucun mot. Elle ne voulait pas le voir souffrir. Ni lui, ni celle qu’il aimait. Elle avait beau le faire croire, elle n’était pas la peste sans cœur que certains croyaient voir en elle, du moins, pas quand il s’agissait de lui. Calvin, c’était différent. D’où le problème. Mais lui mentir, en le fixant ainsi, elle en était incapable.

Thays avait toujours sut mentir. Dès son plus jeune âge. Elle mentait uniquement pour ne pas causer de problèmes autour d’elle, et elle aurait adopté cette solution pour ne pas créer plus de soucis dans la vie de Calvin. Mais face à lui, mentir, c’était comme une trahison. Et le trahir lui semblait tellement égoïste. De plus, sa vie n’était pas facile ces derniers temps et elle aurait tout fait pour être son amie, pour être celle qui l’écouterait. Mais à vrai dire, si elle lui disait la vérité, tout risquerait de changer. Pour de bon. Comment allait-il réagir ? C’est ce qui l’effrayait le plus, mais avait elle vraiment le choix. Elle baissa les yeux, cherchant une réponse, qu’elle ne trouva pas. Elle les releva finalement. Son regard azur s’accrocha à nouveau à celui de Calvin qui apparemment attendait d’elle une réponse. Et d’une voix à peine audible, si douce et faible à la fois, elle tenta une explication.

- Je n’ai pensé aucun mot de ce que je viens de dire… Commença t-elle. Tu le sais très bien Calvin. J’aimerai pouvoir te dire ce que je cache, j’aimerais être honnête avec toi, mais c’est tellement difficile… Tenta t-elle de dire avant de s’embrouiller finalement l’esprit.

Elle cherchait ses mots, elle cherchait une façon de tourner les choses mais cela ne venait pas naturellement, elle inspira profondément, et tout en gardant le lourd secret pour elle, elle lui avoua ce qu’elle arrivait à dire. Les mots sortaient difficilement, mais elle n’avait plus le choix, si elle désirait ne pas le perdre.

- Je me suis promis de ne plus jamais aimé. Après ce qu’il s’est passé, il y a longtemps, je me suis promis qu’il était hors de question que j’en aime un autre. Je ne pouvais pas. C’était inconcevable, je devais respecter cette promesse. Se livra t-elle finalement. Pour lui, parce que je lui avais promis que je l’aimerai toujours. Qu’il serait à jamais le seul, et on devait grandir ensemble, on devait s’aimer toute notre vie tu sais… Continua t-elle, les larmes aux yeux. Mais il m’a abandonné. Il est… Partit… Dit-elle, ne trouvant pas la force de parler de mort. Alors je devais lui rester fidèle, n’aimer que lui quand même. Et jouer le rôle de la peste vous repoussez tous. Aucun homme n’a jamais voulut une relation sérieuse, et c’était ce que je désirais tu sais… Je l’ai cherché…

Elle était à présent au bord des larmes. Parce que finalement, tous ses principes s’évanouissaient doucement face à Calvin. Parce que son cœur l’avait décidé ainsi. C’était lui, qu’il était en train d’adopter. Elle était amoureuse de Calvin, et cela devenait une évidence. Ou du moins, cela aurait dut l’être depuis longtemps, si elle n’avait pas voulut se protéger ainsi. Mais elle savait qu’elle n’avait aucune chance.

- Mais je n’arrive pas à tout contrôler Calvin… Finit-elle par murmurer. Sinon je ne t’affligerais pas cela… Je sais que l’aimes tu sais… Je sais que c’est difficile en ce moment en plus, mais tu veux que je sois sincère ? Demanda t-elle tandis qu’il la fixait toujours. Je n’ai pas sut tenir ma promesse, je suis retombée amoureuse Calvin… Je suis censée faire quoi maintenant ?

Elle ne s’était, devant personne, montrée aussi faible. Pourtant, aucune honte ne ressortait de ce moment, pas encore tout du moins. Elle paraissait si fragile, si loin de la Thays que tout le monde côtoyait. Elle n’avait qu’une hantise, qu’il ne prenne la porte et ne la laisse ainsi…