Attrapes moi, ou pas. (PV)

Le regard de Thays, mis en valeur par un joli trait noir et fin, parut exaspéré. En réalité, elle ne l’était pas tant que cela dans le fond. Mais elle connaissait maintenant Jake depuis quelques mois, et elle savait que sa soirée se terminerait ainsi. Deux hommes venaient de le séparer d’un autre, avec qui il n’avait pas trouvé plus amusant de se battre. Elle le fixait, son visage semblait certes dépourvu de compassion pour ce garçon qui ne semblait avoir rien demandé. Un sourire vint à naître sur les lèvres de Thays, lorsque les deux hommes qui jusque là se contentait de tenir Jake en suspension, l’amenèrent vers la sortie. Elle les suivit du regard, il ne se laissait pas faire, pourtant, les deux videurs semblaient bien plus forts que lui et à ce petit jeu là, il n’avait aucune chance. Amusée, elle le regardait se faire mettre dehors. Elle inspira l’air ambiant de la boîte de nuit et finalement porta son verre à ses lèvres pour en vider le contenu. Il ne s’agissait que d’un fond de cocktail alcoolisé, mais celui lui donna la force de se lever et de finalement quitter le bar. Se frayant un chemin, elle se dirigeait à son tour, vers la sortie. Espérant qu’il serait là, à pester contre l’homme qu’il avait, à en voir son visage, pas mal abimé. Elle laissa son plus beau sourire en souvenir à tous les hommes qui la regardaient se glisser vers la sortie et finalement mit un pied à l’extérieur. L’air était à présent bien différent de l’étouffement de l’intérieur, provoqué par la masse de personnes qui s’agglutinaient près du bar. Elle inspira celui-ci, sûrement bien plus pur et du regard balaya les alentours. Il était là, à quelques mètres d’elle seulement, son visage baissé. Elle le fixait, à la fois amusée et tendrement.

Jake, et elle cela remontait à l’une de ces soirées, où l’alcool coule à flot. Immédiatement, son côté mystérieux l’avait séduite, pourtant, quand elle se montrait entreprenante d’habitude, elle refusa ses avances à plusieurs reprises. Pourquoi agissait elle ainsi en sa présence ? Elle n’aurait sut le définir, il n’y avait pas vraiment de raison. C’était ainsi, c’était le petit jeu qui s’était installé entre eux. D’un pas gracieux, elle avança dans le froid. A présent, elle regrettait de n’avoir pris un gilet pour couvrir ses bras dénudés. La robe bustier blanche qu’elle portait ne lui tenait pas bien chaud en réalité. Pourtant, elle tenta d’oublier le froid, pour se concentrer sur cet homme, à la fois charmant et déboussolant. Il n’était pas rare qu’ils ne se croisent durant les soirées, et elle avait finit par comprendre qu’il avait un certain problème avec sa maîtrise de soi. Il se battait souvent, et parfois même devenait pire encore. Il était violent, cela se voyait. Et le danger qu’il dégageait, celui qui aurait dut la pousser à rester éloigner, finalement l’attirait bien plus qu’autre chose. Les lumières de l’hôtel qui trônait en face de la boîte de nuit clignotait et éclairait son visage. Dans la nuit noire elle décernait assez facilement, grâce à ces dernières, ses traits durs. Elle se posta devant lui et le fixa un long moment. Le silence qui s’installa parut durer une éternité, mais ce n’était pas l’un de ces silences qui semblait dérangeant, au contraire, entre eux cela semblait normal. Elle le déshabiller du regard, tentant de lire en lui, mais rien. Pas une once de sentiments, pas un soupçon d’émotion. Il ne laissait rien transparaître, seul un sourire narquois illuminait son visage. Finalement, à ses côtés, sur une petite murette, elle se laissa tomber. Assise, elle releva les yeux vers lui, et le défia du regard de s’asseoir à ses côtés. Elle sortit de son petit sac à main, un paquet de cigarette et en alluma une sans le regarder.

L’odeur, le parfum qu’il possédait l’envoutait, elle espérait en fumant que cela nuirait à ce parfum si délicat qui émanait de son être. Elle porta la cigarette à ses lèvres, toujours dans ce silence incompréhensible et releva finalement les yeux vers lui. Il était beau. Mais il était hors de question qu’elle ne l’allume ouvertement comme elle en avait l’habitude. Avec lui, c’était bien plus intéressant de fuir simplement. Et elle ne se privait pas de le rendre fou en jouant ainsi à ce jeu du chat et de la souris. De ses fines lèvres pulpeuses s’échappèrent les premiers mots, qui brisèrent ce silence paisible.

- Il fallait que tu te battes encore. C’est uniquement pour te rendre intéressant ? Demanda t-elle, le provoquant ainsi volontairement.

Elle ne pensait pas de lui qu’il ait besoin d’être le centre d’attention de tous, mais pourtant, elle savait pertinemment que cela le ferait sûrement réagir. Elle se demandait ce qui le poussait à agir ainsi, et c’était une forme détournée de poser la question. Les néons de l’hôtel reflétaient sur son visage pâle. Sa lèvre semblait abîmée, sûrement par un coup porté par son adversaire. Elle laissa sa cigarette, à peine entamée tomber à terre, et l’écrasa d’un geste machinal avant de se tourner vers lui. Fier tel qu’il pouvait l’être il ne dirait à aucun instant que cela lui faisait mal, d’ailleurs elle se demandait si cet homme avait mal, parfois. Il semblait si différent, si mystérieux. Il la déstabilisait souvent. Pourtant, c’est sans aucune gêne, qu’elle porta l’un de ses doigts fins, sur la plaie de la lèvre du jeune homme. L’effleurant à peine, elle la caressa doucement.

- Ca fait mal ? Demanda t-elle doucement.